Grouillant, vigoureux et tenace, le cocker est un petit chien de chasse polyvalent capable de s’adapter à toutes les circonstances. Tout naturellement, son intelligence et ses qualités de leveur de petit gibier en font un partenaire idéal de l’autoursier, dans une chasse sans fusil qui associe étroitement l’homme, le rapace, le chien et le furet.
Durant le mois de février 2007, quelques membres du Spaniel Club ont eu le privilège d’accompagner Laure Ducasse dans des parties de chasse au vol, de voir évoluer les oiseaux, et de découvrir cette discipline ancestrale.
Trouvant son origine sur les hauts plateaux d’Asie centrale, la fauconnerie connut en France son âge d’or sous Louis XIII qui utilisait parfois plus de 200 oiseaux. Charles d'Arcussia de Caprée, vicomte d'Esparron de Pallières, décrit cette chasse dans le passionnant traité " la Conférence des Fauconniers ". Passé de mode avec le développement des armes à feu, quelques maîtres ont perpétuée cet art jusqu’à nos jours, créant des règles de conduite et d’éthique et œuvrant pour la protection des rapaces, déclinée sous deux formes en fonction de l’oiseau utilisé : le haut vol et le bas vol.
La chasse de bas vol que Laure pratique réunit deux chasseurs au moins. Autant d’oiseaux de poing spécialement « affaités » (dressés) sont donc nécessaires. Il s’agit de Harris : Eya, une « forme » (femelle) de sept « mues » (l’âge ne se calcule pas en années mais en mues) au plumage brun chocolat, 1,20 mètre d’envergure et 960 gr. en période de chasse, et Lyncee, un « tiercelet » de une mue ainsi qualifié parce que le mâle est approximativement un tiers plus léger que la femelle. Laure est accompagnée de Parti-Pris, un cocker spaniel de huit ans, et de deux furets, Firmin et Broussaille, qu’elle tient dans une sacoche rigide plaquée sur la hanche. D’autres cockers peuvent se joindre à cette équipe, s’ils respectent les oiseaux et les furets.
Sur le parcours alternant friches et broussailles, mais qui, pour cette discipline, pourrait également être boisé, Laure avance lentement, attentive, précédée de son chien qui fouille les ronciers. Le second équipage se tient éloigné d’une vingtaine de mètres, encadrant les possibles couloirs de fuite du gibier. Les oiseaux, légèrement tenues par des « jets », sont posés sur le poing de leur autoursier ganté d’un cuir solide capable de résister à une pression des serres de 200 kg/cm². Tête nue, le port du chaperon étant réservé à la chasse de haut vol, les Harris surveillent de près la course animée du cocker.
Chasse éclair
Selon la densité du gibier, la quête, silencieuse et tendue, peut-être longue et patiente. Et soudain, dès qu’un lapin détale, un oiseau prend un vol rapide au ras du sol, fond en un instant sur sa proie et s’en saisit, la tuant souvent quasi instantanément sous la puissance des serres, puis s’immobilise. Il s’agit d’une « chasse éclair ». Le cocker doit alors se montrer respectueux de la prise et s’en tenir écarté, tandis que sa maîtresse approche pour ramasser le gibier. Mais parfois, l’attaque échoue et les rapaces partent se poser sur un arbre haut. Alors, à l’aide d’un morceau de viande utilisé comme appât, les autoursiers les font revenir sur leur poing dans un vol puissant et silencieux, trouvant dans ce « réclam » ce qui est déjà une belle satisfaction. Puis la quête reprend.
Lorsqu’il est nécessaire de déloger les lapins de leur terrier, Laure Ducasse fait appel aux furets qu’elle envoie alternativement inspecter les galeries. Le partenariat cynégétique s’élargit alors à ces acteurs supplémentaires, dociles et parfaitement rôdés au jeu d’équipe, dans une surprenante coordination entre les espèces qui est la clé du succès.
Grâce à ses qualités reconnues, le cocker s’intègre parfaitement à cette chasse toute de finesse et de majesté. Son ardeur à la ronce, mais également sa gentillesse et sa sûreté le rendent pleinement apte à partager avec son maître ses intenses moments de complicité durant lesquels, en définitive, l'objectif est moins le gibier que le ballet des animaux et la liberté qu’il inspire.
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Merci à Laure Ducasse pour sa passion communicative, pour le temps qu’elle consacre à promouvoir cette discipline, et pour nous avoir permis d’apprécier sur les terrains de la Muette, cette relation étroite et étonnante qu’il est possible d’établir entre l’homme, le chien et l’oiseau.
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Pour pratiquer la chasse au vol, plusieurs conditions sont requises : un permis de chasse et de détention, des locaux et un matériel approprié, de l’espace, des soins et du temps pour entretenir et faire voler quotidiennement les oiseaux.
Si vous êtes intéressé, seul un fauconnier chevronné saura vous guider dans le long apprentissage qui est indispensable. Pour plus de renseignements, consulter le site Internet de l’association Nationale des Fauconniers et Autoursiers - ANFA (www.anfa.net) ou contacter son secrétariat - E-mail : secretariat.anfa@wanadoo.fr -
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